La prise de risque sur le terrain social est insensée;
La prise de risque sur le terrain économique et financier est insensée;
La prise de risque sur le terrain militaire est insensée;
La prise de risque sur les marges stratégiques du pays est insensée;
La prise de risque sur nos zones d'influence est insensée;
La prise de risque sur l'autonomie de l'Union européenne et la souveraineté de ses membres est insensée.
Pourquoi, devant tant d'aléas, la France s'est-elle alignée sur Washington ? La parole officielle le justifie par la "menace russe", le respect du droit international, les impératifs de la défense de la liberté et le refus du retour de la guerre sur le sol européen.
Ces motifs sont autant de chimères commodes pour justifier un narratif moralement "vendable," mais en réalité trompeur.
Il n'y a pas de menace russe. L'intervention de la Russie en Ukraine était conçue pour prévenir une offensive imminente visant à balayer les autonomistes du Donbass et investir la Crimée. C'était un piège imparable, sciemment provoqué et planifié par Washington. Le régime russe est inscrit dans une dynamique de développement qui l'oblige à souhaiter la coopération et non le conflit avec ses voisins européens.
En matière de viol du droit international, les États-Unis, à l'origine de l'écrasante majorité des opérations militaires non sollicitées depuis un demi siècle, n'ont de leçon à donner à personne. Et ce n'est pas en se mettant à sa remorque que Emmanuel Macron pèsera en faveur du règlement non violent des conflits internationaux.
Quand le président français évoque "le prix de la liberté", il confond délibérément les libertés intangibles du peuple français et la cause du régime ukrainien. Les Français n'ont pas de prix à payer pour la liberté des Ukrainiens. Ils leur offriront un soutien humanitaire s'ils le souhaitent, mais la guerre en Ukraine n'est pas notre guerre.
Enfin le retour de la paix sur le sol européen, souhait unanimement partagé, ne s'obtiendra pas en livrant toujours plus d'armes pour une guerre prolongée contre les Russes. Le prétendre est un grand numéro d'hypocrisie.
Si l'Élysée multiplie les chimères, les vrais motifs de son alignement sont ailleurs. On les trouve dans les hésitations du noyau fondateur de l'Union européenne, sans unité ni colonne vertébrale depuis le départ d'Angela Merkel. L'incapacité flagrante d'Emmanuel Macron d'embrasser dans une vision claire les intérêts français a joué son rôle. On ne peut pas exclure non plus des liens particuliers du président français avec Biden et son entourage, ni sa propension à plaire à tout prix à plus puissant que lui.
C'est dans ce brouillard que la France a été précipitée au sein de la coalition guerrière, sans évaluation sérieuse des risques. De vastes couches de la population à la limite de la pauvreté le paieront par la misère, les privations, et le froid. Au point que l'on se demande désormais si on pourra se chauffer à Noël en France ! Et cela pour le bonheur du régime de Zelenski !
Au delà, le choc porté par l'inflation et les pénuries à notre économie endettée, désindustrialisée et déficitaire, nous mène à un déclassement durable dans la compétition internationale. Pendant ce temps les initiateurs américains de la guerre, gavés de commandes d'armes et de GNL, peuvent jouer la prolongation indéfinie des combats sans risquer un pouce de territoire ni la vie de leurs GI.
Les périls économiques de la guerre ne doivent pas cacher les risques militaires et stratégiques. Prolonger la guerre est une bonne opportunité pour le président américain à l'approche des midterms. Mais au-delà, créer une fossé infranchissable entre l'Europe et Russie, couper les concurrents européens de sources inépuisables d'énergie et de matières premières bon marché, est le véritable objectif des USA. Au prix du rétrécissement de l'horizon politique et stratégique de Paris, Berlin, Rome et Madrid.
Puisque que dans les cercles du pouvoir en Europe la servitude volontaire confine à la jubilation, pourquoi, quand on est Américain, ne pas saisir l'occasion de ranger ces obéissants comme des petits pois sous commandement intégré de l'OTAN. Et s'il le faut, pourquoi ne pas faire des territoires du Vieux Continent l'un des champs de bataille potentiels de la guerre contre les Russes? Car le destin d'une guerre prolongée de haute intensité, c'est l'élargissement à tous coups.
La guerre déclenchée par les Biden's Boys va projeter du malheur et de l'instabilité en Méditerranée et en Afrique occidentale où la France et l'Europe exercent une certaine influence qu'elles ne pourront plus assumer. Et l'une et l'autre seront embarquées dans un affrontement de blocs (Occidentaux contre tous les autres) qu'elles ne souhaitaient pas.
Mentionnons pour finir la démocratie, la grande victime de l'alignement de la France (et de l'Europe). Car en France plus qu'ailleurs, c'est la tartuferie qui a gagné. Au cœur de la campagne présidentielle, en guise de débat sur l'option stratégique qui se dessinait, la chasse était donnée à tout candidat coupable de penser, et même de ne pas proférer assez de haine envers Vladimir Poutine. L'opinion a été sidérée et matraquée par le "carpet bombing" médiatique.
La nation entière s’est figée dans un moment de peur et de résignation. Il est désormais urgent d’en sortir.