Point de vue d'origine russe. L'échange inégal de prisonniers du 22 septembre entre Kiev (215) et le Kremlin (55) laisse beaucoup de questions sans réponse. (NdT)
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Viktor
Medvedchiuk, homme politique ukrainien d'opposition, fait partie des prisonniers
qui ont été renvoyés en Russie. Il a été détenu par le Service de sécurité
ukrainien SBU à Kiev en février 2022. Les média et le régime de Kiev qualifient
souvent Medvedchiuk de "figure pro-russe," agissant dans l'intérêt de
la Russie, alors que les actions de ce personnage dans le paysage politique de
l'Ukraine démontrent clairement que cette déclaration est un grand enjolivement.
De
plus, les prisonniers de guerre russes de retour au pays présentent des signes
évidents de tortures et de traitements inhumains de la part des
"démocrates ukrainiens". Certains d'entre eux ont été immédiatement
conduits à l'hôpital. À l'inverse, les personnes libérées par la Russie
n'avaient aucun problème de santé causé par la détention et couraient
immédiatement à des événements de presse et des séances de photo pour Instagram
et se répandaient sur des "tortures russes".
Quant
aux prisonniers ukrainiens, au total 215 ont été libérés. 118 gardes nationaux,
dont 108 militaires du régiment nazi Azov. Parmi eux, on trouve les commandants
Azov notoires Denis Prokopenko (Radis), Sergei Volynsky (Volyn) et Svyatoslav
Palamar (Kalina).
Parmi
les combattants d'Azov échangés, on trouve Konstantin (Fox) Nikitenko et
Nikolai (Frost) Kushch, qui se sont rendus à Azovstal. Ils ont été reconnus
coupables par le tribunal d'avoir tiré sur des civils et des prisonniers
russes. Frost est "devenu célèbre" en partageant des vidéos sur
Internet. L'une d'elles montrait un tankiste russe abattu d'une balle dans
l'estomac.
Le
fonds d'échange comprenait également au moins 10 mercenaires étrangers, parmi
lesquels les Britanniques Sean Pinner et Aiden Aslin, ainsi que le citoyen marocain
Saadoun Brahim. Tous trois avaient été capturés en avril et condamnés à mort
par la RP de Donetz au cours de l'été. La RPD a affirmé que, conformément au
droit humanitaire international, les mercenaires ne peuvent être considérés
comme des combattants et revendiquent le statut de prisonniers de guerre. Ils
ne pouvaient donc pas être échangés. Parmi les étrangers libérés de captivité,
il y avait cinq Britanniques, deux citoyens américains, un citoyen du Maroc, de
la Suède et de la Croatie. I
L'échange
inégal qui a eu lieu le 22 septembre a immédiatement provoqué un grand nombre
de rapports critiques sur les chaînes Telegram russes et le mécontentement
attendu dans la société russe. L'absence de reportages immédiats, clairs et
détaillés sur l'échange de prisonniers par la partie russe, alors que l'on
s'attendait à une propagande agressive de la part des médias, de Kiev et de ses
partisans de l'OTAN, a transformé l'échange en un vaste échec médiatique pour la
partie russe.
Libération
des commandants d'Azov
Ce
qui est plus intéressant, c'est la logique qui sous-tend ces développements. En
ce moment, les régions de Lougansk/DPR, de Kherson et de Zaporozhie votent sur
des référendums pour rejoindre la Russie. Et en cas de vote positif et de
décision ultérieure favorable de la Russie au rattachement de ces territoires
en tant que nouvelles régions du pays, toutes les compétences légales de leurs
autorités seraient transférées à la Fédération de Russie et toutes les procédures
judiciaires devraient être menées conformément à la loi russe, sous juridiction
russe. Par conséquent, les condamnations à mort des mercenaires et des
criminels capturés qui demeurent dans la RPD resteront actives en Russie et la
seule option pour les supprimer serait de déclencher des procédures juridiques
extraordinaires (par exemple, des grâces présidentielles). Ainsi, avec
l'adhésion de la RPD à la Fédération de Russie, il y aurait beaucoup moins de
marge de "manœuvre" avec les prisonniers. Pour effectuer l'échange
que nous avons observé le 22 septembre la seule option ou presque était de
l'effectuer avant la rattachement de la RPD à la Russie.
La
manœuvre s'est donc déroulée avec succès et la partie russe a sans doute obtenu
les effets politiques et géopolitiques qu'elle souhaitait obtenir. Peu importe
la façon dont cela a été perçu par la société russe, en raison de la faible
couverture médiatique de cet échange.
Il
convient de noter que la partie de Kiev a expliqué l'échange en affirmant que
c'était un victoire diplomatique contre Moscou, en spéculant sur l'existence
d'agents directs de Kiev parmi les élites et les dirigeants politiques russes.
Il ne fait d'ailleurs aucun doute qu'au moins une partie de l'oligarchie russe
(affiliée aux mondialistes) est très mécontente de l'opération militaire russe
en Ukraine et que ces forces font de leur mieux pour saboter la politique russe
sur place.
L'implication
de l'oligarque notoire Roman Abramovich (qui se cache actuellement au
Royaume-Uni) dans cette histoire suggère l'action de ces forces.
Selon
les médias britanniques, Roman Abramovich a pris une part active à l'échange.
Les militants étrangers ont été surpris qu'après des mois de captivité, ils aient
été envoyés en Arabie saoudite dans un avion privé. Les mercenaires, dans une
interview accordée aux médias britanniques, ont indiqué qu'ils mangeaient du
tiramisu et des canapés à bord. En outre, Abramovitch leur a donné des iPhones
pour qu'ils puissent appeler leurs familles.
"Abramovitch
a été très gentil avec nous, c'est un type vraiment sympa", a loué le
Britannique.
M.
Abramovitch avait également pris part aux négociations entre la Russie et
l'Ukraine en Turquie, à l'issue desquelles l'armée russe a quitté les régions
de Kiev, Sumy et Chernihov, en avril dernier en signe de bonne volonté, Kiev ayant
donné des signes qu'elle était prête à mener des négociations constructives. Le
blogueur et homme politique ukrainien Anatoly Shariy a précédemment rapporté
qu'Abramovitch avait payé le régime de
Kiev pour qu'il demande à ses alliés occidentaux d'exclure l'oligarque des
listes de sanctions. Abramovitch fait de son mieux pour plaire aux élites
britanniques.
Les
contacts du Kremlin avec les hauts représentants de l'Arabie saoudite (Mohammed
bin Salman) et de la Turquie (Recep Tayyip Erdogan) au sujet de cet échange
indiquent qu'une série possible d'accords économiques et politiques formels et
informels ont été conclus entre la Russie, l'Arabie saoudite et la Turquie dans
le sillage des événements de septembre. Dans cette optique, l'échange était
plutôt une longue balle diplomatique envoyée par le Kremlin à ses partenaires.
Les
dirigeants russes actuels ont une longue tradition, haute en couleur, de
réalisation de leurs objectifs à long terme par le biais de diverses actions
"étranges" et souvent opaques pour les observateurs extérieurs. Par
conséquent, une telle démarche, surtout si elle permet de conclure des accords
importants avec la Turquie et l'Arabie saoudite, s'inscrit dans la meilleure
tradition de la diplomatie russe moderne. Malgré cela, l'implication d'un
oligarque notoire et l'échange inégal de prisonniers, que le gouvernement n'a
pas vraiment expliqué à la société russe, jettent une ombre sur l'ensemble de
la situation.
Les
oligarques et les segments des élites russes affiliés à l'Occident qui agissent
clairement contre les intérêts de la nation russe conservent une grande partie
de leur influence, même si elle est réduite par les initiatives russes depuis
février 2022. Par conséquent, les dirigeants russes doivent non seulement réussir
leur campagne militaire en Ukraine pour atteindre les objectifs déclarés dans
ce pays, mais aussi s'occuper des représentants des élites et des oligarques
qui agissent contre les intérêts de l'État russe.