Les néo-conservateurs rayonnent aux Etats-Unis, sans opposition dans les rangs démocrates et en grande part au sein des élites républicaines. Ils ont besoin d'une Russie ennemie qu'il faut abattre pour tenter de pérenniser à tout jamais leur hégémonie unipolaire sur le monde. Mike Whitney explique pourquoi et comment ils parviennent à leurs fins, dans le présent article de 2019, formidablement confirmé par l'actuelle guerre en Ukraine. (NdT)
Mike Whitney |
"La Russie est
une partie inaliénable et organique de la Grande Europe et de la civilisation
européenne. Nos citoyens se considèrent comme des Européens. C'est pourquoi la
Russie propose de s'orienter vers la création d'un espace économique commun de
l'Atlantique à l'océan Pacifique, une communauté désignée par les experts
russes comme 'l'Union de l'Europe' qui renforcera le potentiel de la Russie
dans son pivot économique vers la 'Nouvelle Asie'." Vladimir Poutine,
président de la Fédération de Russie, février 2012.
Les allégations
d'"ingérence russe" n'ont de sens que si elles sont replacées dans un
contexte géopolitique plus large. Une fois que l'on réalise que Washington met
en œuvre une stratégie agressive d'"endiguement" pour encercler militairement
la Russie et la Chine afin d'étendre ses tentacules à l'Asie centrale, alors on
commence à comprendre que la Russie n'est pas l'auteur des hostilités et de la
propagande, mais la victime. Les allégations de piratage informatique des élections par la
Russie font partie d'une guerre d'information asymétrique plus vaste à laquelle
s'est joint l'ensemble de l'establishment politique de Washington. L'objectif
est d'affaiblir méthodiquement un rival émergent tout en renforçant l'hégémonie
mondiale des États-Unis.
Essayez d'imaginer un
instant que les allégations de piratage informatique ne font pas partie d'un
plan sinistre de Vladimir Poutine visant à "semer la discorde et la
division" aux États-Unis, mais qu'elles ont été inventées pour créer une
menace extérieure qui justifierait une réponse agressive de Washington. C'est
de cela qu'il s'agit en réalité, le Russiagate.
Les décideurs
politiques américains et leurs alliés au sein de l'armée et des services de
renseignement savent que les relations avec la Russie sont appelées à devenir
de plus en plus conflictuelles, principalement parce que Washington est
déterminé à poursuivre son ambitieux plan de "pivot" vers l'Asie.
Cette nouvelle stratégie régionale se concentre sur "le renforcement des
alliances bilatérales en matière de sécurité, l'expansion du commerce et des
investissements, et la mise en place d'une large présence militaire." En
bref, les États-Unis sont déterminés à maintenir leur suprématie mondiale en
établissant des avant-postes militaires à travers l'Eurasie, en continuant à resserrer
l'étau autour de la Russie et de la Chine, et en renforçant leur position
d'acteur dominant dans la région la plus peuplée et la plus prospère du monde.
Ce plan a été présenté pour la première fois dans sa forme squelettique par
l'architecte du plan de Washington pour gouverner le monde, Zbigniew
Brzezinski. Voici comment l'ancien conseiller en sécurité nationale de Jimmy
Carter l'a résumé dans son opus magnum de 1997, The Grand Chessboard : La
primauté américaine et ses impératifs géostratégiques :
"Pour
l'Amérique, le principal prix géopolitique est l'Eurasie... (p.30).....
L'Eurasie est le plus grand continent du monde et est géopolitiquement axial.
Une puissance qui domine l'Eurasie contrôlerait deux des trois régions les plus
avancées et économiquement productives du monde. .... Environ 75 % de la
population mondiale vit en Eurasie, et la plupart des richesses physiques du
monde s'y trouvent également, tant dans ses entreprises que sous son sol.
L'Eurasie représente 60 % du PNB mondial et environ trois quarts des ressources
énergétiques connues de la planète." ("The Grand Chessboard:American Primacy And Its Geostrategic
Imperatives", Zbigniew Brzezinski, Basic Books, page 31, 1997)
Quatorze ans après l'écriture
de ces mots, l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton a repris la bannière
de l'expansion impériale et a exigé un changement radical de la politique
étrangère américaine, qui viserait principalement à accroître l'empreinte
militaire de l'Amérique en Asie. C'est Hillary Clinton qui a inventé le terme
"pivot" dans un discours qu'elle a prononcé en 2010, intitulé "America's
Pacific Century". Voici un extrait de ce discours :
"Alors que la
guerre en Irak touche à sa fin et que l'Amérique commence à retirer ses forces
d'Afghanistan, les États-Unis se trouvent à un point de pivot. Au cours des dix
dernières années, nous avons alloué d'immenses ressources à ces deux théâtres.
Au cours des dix prochaines années, nous devrons être intelligents et
systématiques sur les choix des endroits où nous investissons du temps et de
l'énergie, afin de nous mettre dans la meilleure position possible pour
maintenir notre leadership, garantir nos intérêts et faire progresser nos
valeurs. L'une des tâches les plus importantes de l'art politique américain au
cours de la prochaine décennie sera donc de verrouiller un effort
substantiellement accru - diplomatique, économique, stratégique, etc. dans la
région Asie-Pacifique...
L'ouverture des
marchés asiatiques offre aux États-Unis des possibilités sans précédent en matière
d'investissement, de commerce et d'accès aux technologies de pointe...... Les
entreprises américaines (doivent) exploiter la vaste base de consommateurs en
pleine expansion de l'Asie... La région génère déjà plus de la moitié de la
production mondiale et près de la moitié du commerce mondial. Alors que nous
nous efforçons d'atteindre l'objectif du président Obama de doubler les
exportations d'ici 2015, nous sommes à la recherche d'opportunités pour faire
encore plus d'affaires en Asie... et de possibilités d'investissement dans les
marchés dynamiques de l'Asie."
("America's Pacific Century", Secrétaire d'État Hillary Clinton, Foreign Policy Magazine, 2011)
La stratégie du pivot
n'est pas une resucée insignifiante du "Grand Jeu" du 19ème siècle
promue par les fantaisistes des think tanks et les théoriciens de la
conspiration. Il s'agit de la principale doctrine de politique étrangère de
Washington, une théorie de "rééquilibrage" axée sur l'accroissement
de la présence militaire et diplomatique des États-Unis dans toute la masse
continentale asiatique. Naturellement, les mouvements de troupes inquiétants de
l'OTAN sur le flanc ouest de la Russie et les opérations navales provocantes de
Washington en mer de Chine méridionale ont déclenché des signaux d'alarme à
Moscou et à Pékin. L'ancien président chinois Hu Jintao a résumé la situation
comme suit :
"Les États-Unis
ont renforcé leurs déploiements militaires dans la région Asie-Pacifique,
consolidé l'alliance militaire américano-japonaise, renforcé la coopération
stratégique avec l'Inde, amélioré les relations avec le Vietnam, invectivé le
Pakistan, établi un gouvernement pro-américain en Afghanistan, augmenté les
ventes d'armes à Taïwan, etc. Ils ont étendu leurs avant-postes et placé des
points de pression sur nous depuis l'est, le sud et l'ouest."
Le président russe
Vladimir Poutine a également critiqué le comportement erratique de Washington.
L'expansion de l'OTAN vers l'est a convaincu Poutine que les États-Unis
continueront à être une force perturbatrice sur le continent dans un avenir
prévisible. Les deux dirigeants craignent que les provocations incessantes de
Washington ne conduisent à un affrontement inattendu qui se terminera par une
guerre.
Malgré cela, la
classe politique a pleinement ratifié la stratégie du pivot comme une tentative
ultime de revenir à l'époque de l'après-guerre, lorsque les centres industriels
du monde étaient en ruines et que l'Amérique était sans adversaire.
Aujourd'hui, le centre de gravité s'est déplacé de l'ouest vers l'est, ne laissant
à Washington que deux options :
- soit permettre aux
géants émergents d'Asie de relier leurs trains à grande vitesse et leurs
gazoducs à l'Europe, créant ainsi la plus grande zone de libre-échange du
monde,
- soit essayer de
renverser le jeu en intimidant les alliés et en menaçant les rivaux par des
sanctions qui ralentissent la croissance et font chuter les devises, et en
armant des proxies à sa main pour alimenter la haine ethnique et fomenter des
troubles politiques.
De toute évidence, le
choix a déjà été fait. L'Oncle Sam a décidé de se battre jusqu'au bout.
Washington dispose de
nombreux moyens pour l'emporter sur ses ennemis, mais aucune de ses stratégies
n'a freiné la croissance de ses concurrents à l'Est. La Chine est en chemin
pour dépasser les États-Unis en tant que première économie mondiale au cours
des deux prochaines décennies, tandis que l'intervention de la Russie en Syrie
a fait échouer le plan de Washington visant à renverser Bachar al Assad et à
consolider son emprise sur le Moyen-Orient, riche en ressources. Ce plan s'est
effondré, obligeant les responsables politiques américains à abandonner la
guerre contre le terrorisme et à passer à une "compétition entre grandes
puissances." C'est admettre que les États-Unis ne peuvent plus imposer
unilatéralement leur volonté partout où ils vont. Des défis à la domination
américaine émergent partout, en particulier dans la région où les États-Unis
espèrent régner en maître, l'Asie.
C'est pourquoi
l'ensemble du secteur de la Sécurité nationale d'état soutient désormais sans réserve l'improbable plan de "pivot."
Il s'agit d'une tentative désespérée de préserver l'ordre mondial unipolaire en
déclin.
Qu'est-ce que cela
signifie en termes pratiques ?
Cela signifie que la
Maison Blanche (la stratégie de sécurité nationale), le Pentagone (la stratégie
de défense nationale) et la communauté du renseignement (l'évaluation de la
menace mondiale) ont élaboré leurs analyses respectives des plus grandes
menaces auxquelles les États-Unis sont actuellement confrontés. Naturellement,
la Russie figure tout en haut de ces listes. La Russie a fait dérailler la
guerre par procuration de Washington en Syrie, elle a fait échouer les
tentatives américaines de s'implanter en Asie centrale et elle a renforcé ses
liens avec l'UE dans l'espoir de "créer une communauté harmonieuse
d'économies de Lisbonne à Vladivostok". (Poutine)
N'oubliez pas que les
États-Unis ne se sentent pas menacés par l'éventualité d'une attaque russe,
mais par la capacité de la Russie de contrecarrer leurs ambitions impériales
grandioses en Asie.
Comme nous l'avons
indiqué, La stratégie de sécurité nationale (SSN) est un document
statutairement obligatoire produit par la Maison Blanche qui explique comment
le président entend mettre en œuvre sa vision de la sécurité nationale. Il
n'est pas surprenant que la Russie et la Chine soient au centre de ce document.
En voici un extrait :
"La Chine et la Russie défient la puissance, l'influence et les intérêts américains, tentant d'éroder la sécurité et la prospérité américaines. Elles sont déterminées à rendre les économies moins libres et moins équitables, à développer leurs armées, et à contrôler les informations et les données pour réprimer leurs sociétés et étendre leur influence."
Ni la Russie ni la Chine ne tentent
d'éroder "la sécurité et la prospérité américaines." Elles ne font que
développer leurs économies et étendre leurs marchés. Si les entreprises
américaines réinvestissaient leurs capitaux dans des usines, dans la formation
des employés et dans la recherche et le développement au lieu de procéder à des
rachats d'actions et de rémunérer excessivement les cadres supérieurs, elles seraient mieux à
même de s'imposer au niveau mondial.
En voici d'autres :
"Par des formes
modernisées de tactiques subversives, la Russie s'immisce dans les affaires
politiques intérieures des pays du monde entier." C'est un exemple typique où "l'hôpital se moque de la charité ".
"Aujourd'hui,
des acteurs tels que la Russie utilisent des outils d'information pour tenter
de saper la légitimité des démocraties. Les adversaires ciblent les médias, les
processus politiques, les réseaux financiers et les données personnelles."
(Le mastodonte médiatique occidental est le plus grand porte-voix de la
désinformation que le monde ait jamais vu. RT et Spoutnik ne font pas le poids
face au gigantesque "Wurlitzer" du MSM qui contrôle les chaînes
d'information câblées, les journaux et la plupart des médias imprimés. Le
rapport Mueller prouve sans l'ombre d'un doute que les inepties à caractère politique
que l'on lit dans les médias ne sont ni fiables ni dignes de confiance).
Le Worldwide
Threat Assessment, de l'US Intelligence Community, est encore plus
explicite dans ses attaques contre la Russie. Regardez ça :
"Les menaces
pour la sécurité nationale des États-Unis vont s'étendre et se diversifier au
cours de l'année à venir, en partie sous l'impulsion de la Chine et de la
Russie, qui rivalisent le plus intensément avec les États-Unis et leurs alliés
et partenaires traditionnels..... Nous estimons que Moscou continuera à
poursuivre toute une série d'objectifs pour étendre son influence. Notamment en
sapant l'ordre international libéral dirigé par les États-Unis, en divisant les
institutions politiques et de sécurité occidentales, en démontrant la capacité
de la Russie à reconfigurer les questions mondiales et en renforçant la
légitimité intérieure de Poutine.
Nous estimons que
Moscou a gagné en confiance sur la base de ses succès dans l'aide au
rétablissement du contrôle territorial du régime d'Asad en Syrie,... La Russie
cherche à renforcer sa présence militaire et son influence politique en
Méditerranée et en mer Rouge,... à servir de médiateur dans les conflits,
notamment en s'engageant dans le processus de paix au Moyen-Orient et dans la
réconciliation avec l'Afghanistan.....
La Russie continuera
à faire pression sur les dirigeants d'Asie centrale pour obtenir leur soutien quand
elle prend des initiatives économiques et sécuritaires et la réduction de leur
engagement avec Washington... La Russie et la Chine vont aussi probablement
intensifier leurs efforts d'influence en Europe au détriment des intérêts
américains..." ("The Worldwide Threat
Assessment of the US Intelligence Community", USG)
Remarquez que le
résumé de l'Intelligence Community (CI) ne suggère pas que la Russie représente
une menace militaire imminente pour les États-Unis, mais seulement qu'elle a
rétabli l'ordre en Syrie, renforcé ses liens avec la Chine, s'est imposée comme
"médiateur impartial" au Moyen-Orient, et a utilisé le marché libre
pour améliorer ses relations avec ses partenaires commerciaux et développer son
économie. La CI semble trouver à redire parce que la Russie utilise le système créé
par les États-Unis, mais à meilleur
escient que ces derniers. C'est tout à fait compréhensible étant donné la
détermination de Poutine à se rapprocher de l'Europe et de l'Asie par le biais
d'un plan d'intégration économique à l'échelle régionale. Voici ce que dit
Poutine :
"Nous devons
envisager une coopération plus étendue dans le domaine de l'énergie, allant
jusqu'à la formation d'un complexe énergétique européen commun". Le
gazoduc Nord Stream sous la mer Baltique et le gazoduc South Stream sous la mer
Noire sont des étapes importantes dans cette direction. Ces projets bénéficient
du soutien de nombreux gouvernements et impliquent de grandes entreprises
énergétiques européennes. Lorsque les gazoducs commenceront à fonctionner à
pleine capacité, l'Europe disposera d'un système d'approvisionnement en gaz
fiable et flexible qui ne dépendra pas des caprices politiques d'une nation. La
sécurité énergétique du continent s'en trouvera renforcée, non seulement dans
la forme mais aussi dans le fond. Ceci est particulièrement pertinent à la
lumière de la décision de certains États européens de réduire ou de renoncer à
l'énergie nucléaire."
Les gazoducs et les
trains à grande vitesse sont les artères qui relieront les continents entre eux
et renforceront le nouveau super-État UE-Asie. C'est le plus grand cauchemar de
Washington, une zone de libre-échange massive et florissante hors de sa portée
et non soumise à ses règles. En 2012, Hillary Clinton a reconnu cette nouvelle
menace et a promis de faire tout ce qui était en son pouvoir pour la détruire.
Regardez cet extrait :
"La secrétaire
d'État américaine Hillary Clinton a décrit les efforts visant à promouvoir une
plus grande intégration économique en Eurasie comme "une démarche visant à
ré-soviétiser la région".".... "Nous savons quel est l'objectif
et nous essayons de trouver des moyens efficaces pour le ralentir ou
l'empêcher", a-t-elle déclaré lors d'une conférence internationale à
Dublin le 6 décembre 2012, Radio Free Europe."
"Le ralentir ou l'empêcher"
?
Pourquoi ? Parce que
la croissance et la prospérité de l'UE-Asie feront pression sur les marchés de
la dette américaine, les intérêts des entreprises américaines, la dette
nationale américaine (qui gonfle) et le dollar américain ? Est-ce la raison
pour laquelle Hillary est si déterminée à saboter le plan d'intégration
économique de Poutine ?
En effet, c'est bien
cela. Washington veut bloquer le progrès et la prospérité à l'Est afin de
prolonger la durée de vie d'un État gâteux et en faillite, qui
affiche actuellement un déficit de 22.000 milliards de dollars [en 2017], mais
continue de faire des chèques sur son compte à découvert.
Mais la Russie ne
doit pas être blâmée pour le comportement prodigue de Washington, ce n'est pas
la faute de Poutine. Moscou utilise simplement le système du marché libre plus
efficacement que les États-Unis.
Considérons
maintenant La stratégie de défense nationale (NDS) 2018 du Pentagone, qui
reprend bon nombre des mêmes thèmes que les deux autres documents.
"Aujourd'hui,
nous sortons d'une période d'atrophie stratégique, conscients que notre
avantage militaire compétitif s'est érodé. Nous sommes confrontés à un désordre
mondial croissant, caractérisé par le déclin de l'ordre international fondé sur
des règles qui existe depuis longtemps - créant un environnement de sécurité
plus complexe et plus volatile que tout ce que nous avons connu de mémoire
récente. La concurrence stratégique interétatique, et non le terrorisme, est
désormais la principale préoccupation de la sécurité nationale des
États-Unis."
Naturellement,
l'"environnement sécuritaire" est plus difficile à stabiliser lorsque
le "changement de régime" est la pierre angulaire de la politique
étrangère d'un pays. Bien entendu, la NDS passe sous silence cette triste
réalité. En voici d'autres :
"La Russie a
violé les frontières de nations voisines et cherche à obtenir un droit de veto
sur les décisions économiques, diplomatiques et de sécurité de ses
voisins....." Balivernes. La Russie a été une force de stabilité en Syrie et en
Ukraine. Si Obama avait fait ce qu'il voulait, la Syrie aurait fini comme
l'Irak, en un désert infernal occupé par des mercenaires étrangers. Est-ce
ainsi que le Pentagone mesure le succès ? Voici plus :
"La Chine et la
Russie veulent façonner un monde conforme à leur modèle autoritaire...
"La Chine et la
Russie sapent désormais l'ordre international de l'intérieur du système........
"La Chine et la
Russie sont les principales priorités du ministère... en raison de l'ampleur
des menaces qu'elles représentent pour la sécurité des États-Unis."
(Stratégie de défense nationale des États-Unis d'Amérique)
Vous voyez le tableau
? La Chine et la Russie, la Chine et la Russie, la Chine et la Russie. Mauvais,
mauvais, mauvais.
Pourquoi ? Parce
qu'ils mettent en œuvre avec succès leur propre modèle de développement qui
n'est PAS programmé pour favoriser les institutions financières et les sociétés
américaines. C'est tout le problème en un mot. La seule raison pour laquelle la
Russie et la Chine sont une menace pour le "système fondé sur des
règles", c'est que Washington insiste pour être le seul à établir les
règles. Voila pourquoi les dirigeants étrangers ne rentrent pas dans le rang, ce
n'est pas un système équitable.
Ces évaluations
représentent l'opinion dominante des décideurs politiques de haut niveau dans
tout le spectre politique. (La Maison Blanche, le Pentagone et la communauté du
renseignement) Le gouvernement américain est unanime dans son jévaluation
qu'une approche plus dure et plus combative est nécessaire pour traiter avec la
Russie et la Chine. Les élites de la politique étrangère veulent mettre la nation
sur la voie d'une confrontation plus dure, avec plus de conflit et plus de
guerre. Dans le même temps, aucun de ces trois documents ne suggère que la
Russie a l'intention de lancer une attaque contre les États-Unis. La plus
grande inquiétude est l'effet que les concurrents émergents auront sur le plan d'expansion
militaire et économique de Washington, la menace que la Russie et la Chine
représentent pour l'emprise amoindrie de l'Amérique sur le pouvoir mondial.
C'est cette crainte qui anime la politique étrangère américaine.
Et c'est dans ce
contexte plus large que nous devons inscrire l'enquête du "Russiagate" sur la Russie.
La raison pour
laquelle on a permis à l'invention d'un piratage russe des élections de
s'épanouir et de se propager malgré le manque évident de preuves, c'est que vilipender
la Russie correspond parfaitement aux intérêts géopolitiques des élites du
gouvernement. Le gouvernement américain travaille désormais en collaboration
avec les médias pour influencer les attitudes du public sur les questions
importantes pour le puissant establishment de la politique étrangère.
L'objectif déclaré de ces opérations psychologiques (PSY.OP.) est d'utiliser
sélectivement les informations "pour influencer l'opinion, ses émotions, ses
motivations, ses raisonnements et, en fin de compte, le comportement global d'organisations,
de groupes et d'individus".
Le gouvernement
américain considère désormais le cerveau des Américains ordinaires comme une
cible légitime de ses campagnes d'influence. Il définit le champ des attitudes
et des perceptions, comme "le domaine cognitif de l'espace de
bataille" qu'il doit exploiter afin d'obtenir le soutien de l'opinion pour
ses guerres et interventions largement impopulaires. L'implacable récit du
Russiagate (qui a été transmis pour la première fois au FBI par l'architecte en
chef de la guerre en Syrie, l'ancien directeur de la CIA John Brennan)
représente la composante "désinformation" d'une campagne plus large
contre la Russie. Les élites de la politique étrangère sont déterminées à
persuader le peuple américain que la Russie constitue une menace matérielle
pour sa sécurité, qu'il faut contrer par des sanctions plus sévères, davantage
de coups de sabre et, finalement, la guerre.
Titre original : How Brzezinski's
Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia
Auteur: Mike Whitney vit dans
l'État de Washington. Il a contribué à Hopeless
: Barack Obama and the Politics of Illusion (AK Press). Hopeless est également
disponible en édition Kindle. On peut joindre Mike Whitney à l'adresse suivante
: fergiewhitney@msn.com.
Date de première
publication : 03
avril 2019 in Information Clearing House
Traduction : Dialexis.org avec Deepl Pro