Comme je l’écris déjà depuis plusieurs semaines, en Occident, le mensonge visant à cacher et protéger la présence de nombreux nazis en Ukraine sera difficile à tenir…
Plus de
10 bataillons, au bas mot, sans parler d’unités indépendantes de partis
ultranationalistes et néonazis, comme le Pravy Sektor, ça laisse des traces
très visibles sur les réseaux sociaux… La quantité de massacres, tueries, viols
et exactions dans le printemps et l’été 2014, fut remarquée, il ne pouvait en
être autrement, par des associations en charge de la défense des droits de
l’Homme comme Amnesty International. Pour la première fois depuis 1945, une
Europe nazie pouvait s’exprimer, battre le pavé, s’armer, former des bataillons
et bientôt… se livrer à des massacres et reprendre le grand rêve hitlérien :
s’attaquer au monde slave pour le dominer et l’anéantir. Aussi sur les réseaux
ils ne se sont pas privés de parader, de publier, de filmer, en racontant même
à l’envie ce qu’ils feraient aux Russes du Donbass, à leurs femmes et à leurs
enfants… Dans l’Ouest, des jeunes gens propres sur eux se sont mis à poster des
images explicites, notamment comment « mettre au four les enfants russes » ou
encore ce fameux stand de « Shaourma à base de viande d’enfants de Moskals ».
Cela faisait rire beaucoup de gens en Ukraine, au point de les voir défiler
avec les portraits des criminels de guerre ukrainiens de la Seconde Guerre
mondiale, de ré-enterrer des anciens SS en grande pompe, ou bien de défilés
avec des flambeaux, des milliers de gens hurlant des cris racistes et
assassins.
Des 300
de Zaporojie à la levée de Tornado à partir des criminels du bataillon
Shakhtiorsk. Le bataillon Tornado fut formé assez tardivement dans l’oblast de
Zaporojie (septembre 2014), dans une région massivement pro-russe et qui avait
nécessité des répressions violentes. En Occident on ne peut se souvenir des
fameux « 300 de Zaporijie », de courageux hommes qui protestèrent dans la rue
contre le Maïdan, portant le fameux ruban de Saint-Georges célébrant la
victoire contre l’Allemagne Nazie. Ils furent encerclés par des activistes du
Maïdan, violents, armés et qui les encerclèrent pendant plusieurs heures. Ils
furent bombardés de farine, d’œufs et de détritus, de pierres et de bouteilles
et copieusement insultés et menacés. La Police laissa faire et ces hommes
purent finalement se dégager, mais il est presque certain qu’ils furent
décomptés et repérés. Ceux qui ne s’enfuirent pas dans les semaines suivantes,
furent probablement arrêtés, torturés et assassinés par les extrémistes des
partis ultranationalistes, les bandes armées des bataillons spéciaux, ou la
terrible police politique du SBU. Pour venir à bout de ce sentiment russophile
et des valeurs qui vont avec, l’Ukraine envoya dans l’Est la quasi totalité des
fameuses compagnies de défense du Maïdan, qui avaient fait la Révolution « de
la dignité » à Kiev durant l’hiver 2013-2014. Ils étaient devenus gênants, ils furent
employés pour répandre la terreur dans l’Est, avec carte blanche et chèque en
blanc. Le déchaînement de violence qui s’ensuivit restera à jamais gravé dans
la mémoire du Donbass et de l’Est de l’Ukraine. Un horrible cortège de morts,
d’enlèvements, d’assassinats, de pillages, de dénonciations et un exode sans
précédent (au moins 1,5 millions de Russes du Donbass, et sans doute au moins 3
millions de Russes de l’Est de l’Ukraine et de toutes les zones ethniquement et
culturellement russes.
Les
choses tournant très mal dans le Donbass, avec une succession de défaites
inquiétantes pour les bataillons de représailles de l’Ukraine, il fut bientôt
nécessaire d’envoyer des renforts. C’est dans ce contexte que fut créé le
bataillon Tornado, avec les débris du bataillon Шахтёрск (Shakhtiorsk), qui
s’était distingué plus que tout autre, dans les tueries et les crimes contre
les populations du Donbass (notamment à Marioupol, à Mariinka et Pesok). Un
rapport publié par l’Union ukrainienne d’Helsinki pour la défense des droits de
l’Homme, s’attacha à décrire le comportement odieux des hommes de Shakhtiorsk.
En particulier l’enlèvement arbitraire de civils de Mariinka, leur
transformation en esclaves, notamment pour servir de boucliers humains, pour
travailler à des travaux de force, ou pour devenir des objets sexuels. Les
crimes avaient été tellement violents, que le Ministère de la défense
ukrainien, ne put que dissoudre ce bataillon couvert de sang et d’opprobre (16
octobre 2014). Ces membres furent versés dans le bataillon Sainte-Marie (versé
ensuite dans les troupes supplétives de police, 4e régiment de Kiev), et dans
le bataillon Tornado, dont la présentation fut faite aux journalistes à
Zaporojie (23 octobre). Très peu d’hommes étaient originaires de cette ville, mais
l’effet de propagande était surtout d’en imposer à la population et de tenter
de remonter le moral déjà défaillant des Ukrainiens du front et de l’arrière.
Par bravade, le bataillon fut déclaré comme devant servir à la manière des
commandos SAS britanniques, à savoir s’infiltrer chez l’ennemi et effectuer du
renseignement et des sabotages. La réalité qui va suivre en fera frémir
d’horreur plus d’un.
Indiscipline,
crimes de guerre et pillages. Pour l’étoffer, le bataillon fut renforcé
d’anciens habitués des prisons ukrainiennes, criminels de droit commun et
arrière-ban des bas-fonds de l’Ukraine de l’ultra corruption. Le résultat ne se
fit pas attendre, notamment par l’arrestation à Kiev, de 6 soldats du bataillon
par la police du SBU (2 novembre 2014), qui furent cueillis à Kiev armés
jusqu’aux dents et déclarèrent venir dans la capitale… pour y rassembler de
l’aide humanitaire rassemblée pour les volontaires ! A Zaporojie, le bataillon
qui posait déjà un problème à lui seul, entra en conflit avec le maire de la
ville (12 novembre), bientôt accusé de favoriser « le séparatisme », et de
refuser de fournir des locaux et des moyens. Le maire, courageusement, répliqua
que le bataillon devait être envoyé sur le front… ce qui fut bientôt ordonné
par le haut-commandement ukrainien, il devait prendre position à Berdyansk, une
ville sur les arrières de Marioupol (mais pas comprise dans le Donbass). De
fait le bataillon grenouilla encore longtemps sur ses bases arrières de
Zaporojie et Berdyansk, jusqu’au moment des défaites cuisantes de l’hiver
2014-2015. Dans les conditions des pertes sévères subies dans la bataille de
l’aéroport et de celle de Debaltsevo, le bataillon reçu l’ordre de monter en
ligne (1er janvier 2015), et fut envoyé sur le front de Lougansk. Craignant les
bombardements des insurgés, le bataillon s’installa dans un hôpital en service
et ne tarda pas à revenir à ses travers : le pillage et les exactions.
Il
commença par se livrer à l’arrestation et au dépouillement des habitants de la
région, avec la confiscation des téléphones portables, le vol et les
humiliations. Il se rendit vite célèbre par sa cruauté envers les civils, au
point que ces derniers en appelèrent à l’armée régulière pour les protéger.
Mais ces plaintes n’aboutirent pas. Le bataillon se lança alors dans la fouille
illégale des habitations civiles, systématiquement pillées, la réquisition de
certaines maisons et de biens, sans parler des coups, des vexations puis
bientôt des assassinats de gens désarmés. Les soldats de Tornado passèrent
encore des limites, en s’attaquant aux civils, prenant d’assaut de paisibles
maisons, tuant les chiens d’une rafale, raflant tous les hommes, des
adolescents aux vieillards. Ces derniers étaient rançonnés, en échange de biens
divers, d’objets de valeurs, de télévisions, d’ordinateurs ou d’appareils
ménagers. Ceux qui n’avaient rien furent détenus, battus et réduits en
esclavages dans des conditions terribles. Bientôt ce furent les tortures, la
disparition de gens et les viols. Malgré quelques courageuses plaintes de
civils risquant leurs vies, rien ne fut fait par la justice militaire, jusqu’à
la demande du chef de l’administration d’occupation de l’oblast de Lougansk, de
renvoyer le bataillon à l’arrière (17 juin 2015).
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Flambeaux à Kiev en l’honneur du néo-nazi Stepan Bandera
Les
poursuites judiciaires étaient embarrassantes pour le régime de Kiev, mais
encore plus si le bataillon était en mesure de poursuivre ces crimes affreux.
Aussi la procédure fut-elle en partie étouffée et lente, le procès à huis-clos
pour empêcher la médiatisation. Ce fut finalement l’inverse qui se produisit,
les médias ukrainiens se jetant sur l’affaire. En septembre le procureur
annonça la fin de l’enquête, mais les membres du bataillon répliquèrent que la
contrebande avec le Donbass se poursuivait et qu’ils étaient « des patriotes ».
Seuls 12 hommes avaient été emprisonnés et malgré le soutien des partis
extrémistes néonazis et ultranationalistes, le scandale était trop grand, ces
12 là furent jugés. Il fallut cependant attendre deux ans, 80 volumes de
documentations, 111 témoins et seulement 13 victimes survivantes ayant accepté
de parler. Les condamnations furent très légères au vu des crimes, et ne furent
prononcées que tardivement (7 avril 2017), 11 ans de prison pour le chef de
bataillon Onishchenko, 9 ans pour le major Nikolaï Tsukour, 9 ans pour le
Biélorusse Danil Liachouk, 10 ans pour Ilya Kholod, 9 ans et demi pour Boris
Goultchouk, 9 ans pour Maxime Glebov et Nikita Koust, 8 ans pour Youri
Chevtchenko, 5 ans pour Roman Ibach, Andreï Demtchouk et Nikita Sbiridovskiy.
C’était très peu au vu des crimes barbares et de la prison déjà effectuée. Le
président Zelenski a annoncé en avril 2022, la libération de prisonniers ayant
une expérience militaire… il est à parier que ces fous dangereux ont été
libérés et s’en donneront encore à coeur joie s’ils en ont l’occasion contre
les civils russes. Quant au reste du bataillon, il avait été versé dans une
autre unité supplétive de police, le régiment Mirotvorets (9 octobre 2015). Là
aussi, on peut imaginer ce que ces hommes continuèrent de faire dans le
Donbass, et quelles tortures ils purent infliger par vengeance à de nombreux
civils innocents.
Durant
leur procès, ces assassins se livraient encore à des provocations, la simple vu
de leurs visages et l’air très satisfait, sans parler du « show » vous
démontreront vite à quel type de personnages ces pauvres gens du Donbass
avaient eu affaire. Il n’y a pas eu de journalistes de France pour venir
raconter cette histoire, officiellement la France de Macron soutien l’Ukraine,
Tornado compris et prétend vous sauvez de l’extrême-droite française. Je vous
laisse conclure !
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Titre
original : Bataillon néonazi Tornado, plongeon dans l’horreur brute
Auteur
: Laurent Brayard, journaliste et historien russophone
Date de
première publication : 25 avril 2022 in Donbass Insider