L’arrogance et la forfanterie, le mépris des alliés et la haine obsidionale de l’ennemi russe, sont la marque de fabrique de l’administration Biden. Pourtant, comme le démontre Douglas Macgregor, son bilan est catastrophique et son issue désastreuse pour l’Amérique. (Dilaexis)
Douglas Macgregor |
Les
présidents mentent quand cela leur convient. Woodrow Wilson, Franklin Delano
Roosevelt et Lyndon B. Johnson ont tous
promis aux Américains qu'ils n'enverraient pas de jeunes Américains mourir
dans des guerres étrangères. Toutefois, le président Joe Biden est sans doute
le premier à avoir fait des prédictions publiques qui se sont invariablement
réalisées à l'envers.
Au
lieu de dissuader la Chine, les
électeurs taïwanais vont probablement élire un nouveau gouvernement
favorable à la réunification avec Pékin. Au lieu d'obtenir l’effondrement
de l'économie russe, la guerre par procuration de Joe Biden est en train de
détruire l'Union européenne, économiquement fragile. Au lieu de réaliser la
"renaissance de l'Occident" de Francis Fukuyama, les politiques de
Washington accélèrent son déclin. Et au lieu d'empêcher l'émergence d'une
nouvelle coalition ou d'un axe de puissances illibérales - comprenant la Russie, la Chine, l'Inde,
l'Iran, l'Arabie saoudite et d'autres - Washington
a cimenté ces relations au détriment des intérêts occidentaux.
L'opération
offensive
ukrainienne du "printemps" et maintenant de l'été est bloquée,
voire vaincue. Le nombre exact de morts et de blessés ukrainiens n'est pas
encore disponible, mais le
nombre de soldats ukrainiens tués au combat lors du dernier assaut
s'élèverait à plusieurs milliers, auxquels s’ajoutent de nombreux blessés. Les
pertes en chars et en véhicules blindés ont également été importantes. En
revanche, les pertes russes en réponse à l'offensive seraient relativement
négligeables, les soldats russes tués et blessés au combat ne se comptant qu'en
centaines.
Les
Américains doivent comprendre qu'il n'existe pas d'opération militaire plus
difficile et plus complexe qu'une attaque délibérée visant à pénétrer les défenses
préparées de l'ennemi. Souvenez-vous que l'armée allemande, sans doute l'armée
la mieux entraînée et la plus compétente de ces cent dernières années, a choisi
en 1940 de
ne pas attaquer frontalement la ligne Maginot.
Percer
des défenses
organisées est si difficile, si coûteux en temps et en ressources, que les
forces terrestres américaines s'y exercent rarement en temps de paix, et que
les officiers de l'armée américaine ne l'étudient pas en détail comme le font
les officiers russes. Les conseillers américains et britanniques ont sans doute
été limités dans leur capacité à fournir une aide importante au lancement de
cette offensive par les forces ukrainiennes qui ne disposaient déjà pas d'une
artillerie, d'un génie et de systèmes de défense anti-aérienne suffisants. En
outre, les défenses
anti-aériennes intégrées russes ont neutralisé la puissance aérienne
adverse.
Comme
on pouvait s'y attendre, les forces ukrainiennes ont été contraintes d'attaquer
sous la surveillance persistante des Russes dans la zone de sécurité de 15 à 25
kilomètres située devant les principales ceintures défensives de la Russie. À
maintes reprises, les forces russes présentes dans la zone de sécurité se sont
retirées des avant-postes pour rejoindre des positions défensives préparées,
situées juste devant la ceinture défensive principale. Les Ukrainiens se sont
avancés pour être écrasés par l'artillerie soutenue par des hélicoptères
d'attaque russes tirant des roquettes de précision dissimulées, qui ont une portée
supérieure aux
missiles Hellfire américains.
Au
cours de leurs assauts, les colonnes ukrainiennes ont trébuché
sur des champs de mines qui ont canalisé leurs mouvements dans des zones où
une combinaison de frappes massives de drones et d'artillerie a brisé les
formations attaquantes. Pendant ce temps, les forces russes auraient utilisé
des mines aériennes projetées derrière les forces ukrainiennes qui avançaient.
Par conséquent, lorsque les forces ukrainiennes attaquantes ont cherché à se
dégager de ces pièges mortels et à se retirer sur leurs propres lignes, les
forces russes ont utilisé des munitions d'attente pour détruire les troupes
ukrainiennes restantes, coincées dans des champs de mines de tous les côtés.
La
question qui se pose à Moscou est la suivante : Que se passera-t-il ensuite ?
L'Ukraine possède peut-être encore une douzaine de brigades en réserve qui
pourraient être engagées dans de nouvelles attaques dans les jours ou les
semaines à venir, mais l'engagement de ces réserves pourrait mettre à rude
épreuve le réservoir de main-d'œuvre ukrainien. Il est donc fort probable que
les forces russes se lanceront à l'assaut de l'Ukraine. Moscou a plusieurs
options.
Tout
d'abord, Moscou peut attaquer pour s'emparer d’Odessa ou Kharkov et les
sécuriser. Avec Kharkov, Odessa est l'une des deux villes historiquement russes
dont Moscou a promis qu'elles
reviendraient sous le contrôle de la Russie. Outre l'énorme valeur stratégique
d'Odessa, qui permet de couper l'Ukraine de la mer Noire, cette ville a
également été le théâtre
d'horribles atrocités commises contre les Russes pendant la révolution de
Maïdan. Ces événements sont encore très présents dans la mémoire des Russes.
En
outre, toute tentative ukrainienne de renforcer Odessa en cas d'attaque russe
se heurtera à une tempête de tirs de roquettes
de précision, de missiles, d'artillerie et de drones. De plus, si les
Ukrainiens se déplacent vers le sud en direction d'Odessa, ils risquent
également de subir une attaque russe en
provenance de Biélorussie. Enfin, Odessa se trouve à proximité de la plus
grande concentration de forces russes et à des centaines de kilomètres des
forces ukrainiennes au nord. Si Odessa devient l'objectif opérationnel, il faut
s'attendre à ce que le groupe Wagner, fortement renforcé, joue un rôle majeur
dans le nettoyage dans Odessa des troupes ukrainiennes, y compris des
Ukrainiens qui resteraient sur place pour continuer à se battre en tant que
guérilleros.
Deuxièmement,
une fois Odessa prise, Moscou pourrait bien faire une pause pour voir si Berlin
ou Paris négocieront la fin du conflit. S'il n'y a pas de volonté de négocier,
Kharkov et une plus grande partie de l'Ukraine orientale tomberont probablement
rapidement aux mains des Russes. Cette approche progressive est conforme au
souhait de Moscou d'éviter toute action offensive soudaine, à grande échelle,
qui pourrait précipiter une intervention dirigée par les États-Unis.
En
Europe, le tableau économique est sombre et les populations européennes, en
particulier le peuple allemand, se sont en train de se retourner contre la
guerre par procuration menée par Washington. Les sondages les plus récents
placent le
parti Alternative pour l'Allemagne (AFD) au deuxième rang des forces
politiques allemandes. Compte tenu des
politiques suicidaires d’Olaf Scholz visant à désindustrialiser l'Allemagne
et à ouvrir les frontières de l'Allemagne à davantage de réfugiés et de
migrants non désirés dont l’accueil est coûteux, peut-être que l'AFD peut
mettre en place une "coalition du rationnel" pour destituer Scholz et
négocier avec Moscou ?
Il
y a peu, les dirigeants polonais plaidaient en faveur d'une intervention de
l'OTAN pour lutter aux côtés des Ukrainiens contre la Russie. Aujourd'hui, le
président polonais Andrzej Duda affirme que le rouleau compresseur russe
écrase l'Ukraine et que des centaines de soldats ukrainiens meurent chaque jour
sur les lignes de front. Le soutien populaire polonais aux réfugiés ukrainiens
se tarit également.
Aux
États-Unis, les Américains découvrent que pour le président Biden et son
administration, la "démocratie" se traduit en réalité par un régime
de suzeraineté de l'État Démocrate. Ce régime est renforcé par la disparition
des élections non frauduleuses en Amérique et la transformation du Département
de la justice en un instrument léniniste d'hygiène sociale, visant à supprimer
ou à éliminer l'opposition politique légitime. Dans un élan ingénieux que seul
un bolchevik pourrait admirer, l'administration Biden a transformé la stratégie
nationale en une lutte mondialiste visant à mettre sous sa coupe les opposants de
l'intérieur et de l'extérieur du pays.
C'est
le bon moment pour négocier, car c'est Washington, et non Moscou, qui a besoin
d'une issue pour échapper à de multiples désastres. L'échec de la guerre en
Ukraine, l'affaiblissement
de l'économie américaine, la montée de la criminalité nationale et la crise
des
frontières béantes exigent une action décisive.
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Titre original :
Democratic
Backsliding
Auteur : Douglas Macgregor.
Colonel (retraité) de l’armée américaine, il est membre senior de The American
Conservative. Il a été du conseiller du secrétaire à la défense de
l'administration Trump. C’est un ancien combattant décoré et auteur de cinq ouvrages.
Date de première parution :
13 juin 2023 in The American
Conservative
Traduction : Dialexis avec Deepl